Quand on a tout oublié
On fait l’inventaire des pertes
Pour faire ménage dans sa pensée
Arrondir les angles pour ne pas se blesser
On rafistole les fissures avec des semblants usés
Dans l’illusion d’une résilience à laquelle il faut croire
En restant sérieux évidemment mais le cœur n’y est plus
Il n’y a plus de place pour les voies d’aucune chance
Dans la cabine d’essayage il n’y a plus de tailles
L’à-peu-près remplace la tenue sur-mesure
On évalue le temps sur échelle d’échecs
Avec soupçon sur le rôle de l’illusion
Plus rien n’y fait alors qu’est-ce là
Ces élucubrations burlesques
D’un dépit résiduel actif
Dans ce qui se débine
Sans ne réclamer
Aucun reste
Ni vouloir d’épilogue
A cette histoire sans tête ni fin
Avec juste une ringuette de déboires
Archivés sur l’ardoise des dettes non soldées
Qui ne sera assurément sans doute jamais effacée
Même dans les meilleurs jours une faillite nous guette
Guy Aguenîer