Souvenirs peureux
La lune broie le jour.
Elle déchire elle sortilège je crépuscule.
Une inquiétude tapisse les comètes.
Maîtresses des nuits traîtresses de malice
La vague quitte l'âme des feuilles.
Mes orifices lèvent le pont de leur fronde.
L’insomnie envahit l’amour.
Ta saison trop haute m’interdit l‘ascension.
Je vide mon sac. Tu me renvoies.
À minuit tu m'éteins et tout fout le camp.
Je croyais en tes mains.
Mais je n'ai pu qu'espérer.
Ton chien suivait le mien.
Il était bon ce temps nos cerveaux étaient neufs.
Aujourd'hui ma vieillesse est veuve.
Son parchemin a détruit l'usufruit du souvenir.
Tu me vendras à la sauvette.
Sur le quai parmi les vermisseaux.
Les pentes ont roussi leurs voiles.
Et ta pelisse tendre que devient-elle.
Et nos baisers hiboux.
Nos peaux de ficelle faisaient fou tu te rappelles.
Sur ton radeau en colère.
Ta folie en tapage arrimait notre vaisseau.
Quel vagabondage.
Quelle expédition sauvage.
Sur nos arbres perchés.
Nous nous croyions aimés.
Je tenais ta limace printanière.
Entre deux doigts d'hésitation.
Nos décisions étaient belles.
Nos escales des poubelles.
Oui princesse égarée.
D'un ailleurs pestilent je t'aime de main morte.
Je suis ton trip à quatre pattes.
Tu pompes ma pâleur électrique.
Je te conjugue en bavant.
Mes écluses fondent sur ton passage.
Pour une goutte de surplus.
Les bulles éclatent d’humeur sans gêne.
Cherche dans mes graines.
Tu trouveras le prix de mes absences.
Pour mieux t’aimer j’essayais de fuir.
Mon artichaut s'est fendu sur ton glaive brûlant.
Ton corps me fait cuirasse.
Je ne sens plus tes dents.
Où les as-tu laissées.
Dans quelle couche encore t'es-tu semée.
Les vieux ricanent.
Et toi hirondelle tu m'as planté.
Je circule librement.
Dans ton arène fermée.
Ouvre-moi je t'en supplie.
Envoie-moi l'envie que tu as cachée.
Les chaussettes se vident.
Ce n'est ni toi ni rien ni moi.
Te souviens-tu comme elles pleuraient.
C’était juste avant que l'époque ne fut percée.
Nous avons fui tous deux.
Dans un désaccord parfait de deux notes brisées.
Il y eut un silence
Tu repris tes chansons et moi mes craintes.
Écoute n'hésite pas appelle-moi.
Je décrocherai l'horizon de ton champ dévasté.
Nous aérerons nos mines.
Et construirons un musée pour recevoir les fées.
Tu nous feras du miel.
Je te servirai en costume de lion.
Je rugirai ton sexe.
Tu dompteras mes restes.
Nous nous aimerons.
Comme deux fous sans nuit.
Guy Aguenier
Photo Danièle Vienne
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