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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 15:03
Danièle Vienne Aguenier  ( acrylique sur toile )

Danièle Vienne Aguenier ( acrylique sur toile )

 

 

 

Chien de la lettre.

 

 

 

Un jour quelqu'un. Le chien nait en criant. Personne ne comprend après qui ni pourquoi. Sans doute le premier d'une lignée. Bébé offert aux cris, à une place sous témoins.

 

D'une naissance que reste-t-il le jour venu. Un vague souvenir de ce qui était avant, dans le monde aveugle, ou toute était éteint. Monde bien rose qui fut tout noir. Avent du jour sacré de la première ouverture sur le faux jour.

 

Lumière souvent plus proche du néant que du soleil. Peut-on appeler sage-femme celle qui vous met au monde, cria le chien. Pauvre animal promis au souvenir de personne. Chargé d'exprimer sans voix ce que chacun tait tout bas.

 

Il respire sans insister, n'étant pas le seul à qui cela soit déjà arrivé. Comme un enfant, tout jeune soit-il, et malgré sa bonne foi il ne fera pas loi. C'est dommage, pourquoi pas moi. Avec un sourire il clôt l'incident sans comprendre.

 

Au démarrage le destin dicte la couleur. Même de la pire espèce chacun a droit à sa douleur. Sans broncher. On reçoit tout de même ça en plein cœur. Emmailloté dans sa jeunesse on rêve d'un monde meilleur, quand on sera grand, et que dehors on y verra plus clair.

 

On ingurgite les leçons de la vie sans vraiment y croire. On cherche jusqu'à plus soif le sein qui fait défaut. On tétine en jouissant le caoutchouc du biberon. Érotisme d'un être inachevé. Enfer des premières terreurs, des questions sans réponse. Quand on n'a pas inventé le lait, on tète et on se tait.

 

Après avoir appris à se sentir heureux avec ce qu'on déteste. La croissance naturelle vous pousse à grandir en se dépêchant d'oublier de se souvenir. Détour pour une plus grande aisance dans l'apprentissage des premiers pas.

 

Chien de la lettre dans un scénario à se tordre de rire. Plongée dans le flot du n'importe quoi. Dans une vie ou rien ne manque et où rien ne se passe. Sang d'encre dans l'arrimage à la mémoire de l'ennui. Quelle ignorance restera-t-il quand on aura tout oublié. En marge des cultures bouffonnes, on grignote des pensées, pour ne pas mourir plus idiot qu'il ne faut.

 

Dressé à grimper sur les piédestaux d'illusions. Imbécile, l'animal s'exécute, assis en polisson sur son derrière. Noyé dans les larmes de ses maîtres. Avec le crime entre les dents, il assume sa charge de garde-chiourme, à la perfection. La première pucelle de chienne qui passera, sera sienne, et le temps s'écoulera sans collier, jusqu'à ce que mort s'ensuive.

 

 

 

guy aguenier

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