La pièce qui manque
Le plus grand nombre ne peut valoir recette
La sérénité reste toujours sur un bord instable
La place réservée à l’autre condamne à l’inconfort
Du souci de ne se rassurer de rien de ce qui est acquis
La réalité privée du cœur oublie le souci de l’âme
Les délires sont dictés par des idéaux absurdes
La vengeance décrie le prince qu’on voudrait être
Alors que la petite chose ne demande qu’à grandir
L’ignorance peut ouvrir sur de nouvelles résonances
Quand la souffrance se détourne pour un terrain propice
A l’approche du but le regard s’effraie de malice
La vieillesse toute étourdie oublie de se représenter
Mais si c’était à refaire tout aurait été déjà fait
On gagne un temps précieux en apprenant à perdre
Avant de s’endormir quand l’âme baisse le rideau
Il est bon d’ouvrir les volets de la nuit à ses soupirs
L’existence restera toujours infidèle à nos souhaits
Et malgré la longévité espérée reconnaît sa brièveté
L’échelle du temps frappe l’âge violemment de front
Le récif de la pendule reste le levier de l’échec
La colonie du désespoir démonte les pavés du siècle
Pour tenter de vider l’ombre de son angoisse
Le monde se satisfait volontiers du pavé saccagé
Il s’enquiert vainement de la pièce qui manque
Mais le trou restera le seul témoin de son passage
Guy Aguenier