Espoir à l'envers
J'ai étranglé la vie
Avec une corde de chagrin
Une haie d'amertume
Stoppe le désespoir des défunts
Le cours des fuites s'effondre
Dans les nefs calcinées
L'erreur a rompu ses remparts
Je triche ma pièce en prétention
Après les dernières marches
Devant moi l'ombre d’un manche
Le péché donne son fruit
A chacun de mes pas
A l’âme endormie une question cauchemarde
Qu’as-tu fait pour qu'il ne soit trop tard
Hypocrite léthargie sans réponse
Le ventre des essors a quitté le possible
Je cherche dans les regards
L’échéance de ma détresse
Je t'appelle chacune
Et tu restes où tu es
J'entends ton aboiement mon amour
J'écoute ton secours et tes voix à la pelle
J'ai perdu le secret que ta main
Et une des miennes que tu avais percée
Reviens reprends ton âge
Je te rendrai ta pureté
Pile ou face
C'est toi qui commences
J'écoute ton sein qui bat
Il cantique un laisser venir
Je le vénérerai je jure
Sur cette croix
Que je me ferai taire
Tes doigts d'ordonnance m’effraient
Je décontenance mon arbre de raison
J’asile mes passions
J’hurle non
Je hèle ta sirène
Bombarde mon cafard de tes fées suicidaires
Lâche tes remouds
Tire mon échelle et achève ma ronde
Je t'apporte un lilas mort
Il n'y avait que celui-là
Tu n'es pas obligé de le lire
Lui dis-je timidement
Je sentais mes fesses rougir
D'un sentiment conjugué de désir et de honte
Quand elle sortit la tondeuse
Je pris mon allumoir et partis
Non criai-je du bas de la tour
Elle referma le coffre
Et l'auto vrombit dans une poussière prémonitoire
A ce moment te souviens-tu
Ton chat rendit notre dernier soupir
Ce fut le tient Ce fut le mien mais jamais le nôtre
Il nous attend maintenant au pied de sa vigne
Il presse très fort la tige et dit Sors entends-tu
Et le venin prisonnier acheva de suinter
Je compris que désormais
Il me serait inutile de rentrer
Ma porte me serait à tout jamais clouée
J’eus beau forcer pincer mon verbe
Elle n'a jamais cédé elle a le mur d'enfer
Seule elle a compris Ce qui m'échappe encore
A quoi bon s'assister désoler sa peine
L'orgueil n'a aucune pitié
Il a l'amour aux lèvres
Au fond du couloir une lampe brûle
Es-tu seule m’attends-tu J'hésite prends peur
Et fuis mon courage
Surpris dans son déclin
Ton sommeil me prend le pantin à la gorge
Le crissement de tes ongles sur sa vitre
Signale le dépit de ton refus
Tu me pries de sortir
Je m’exécute sans aucun appétit
J'égoutte un gros soupir
Je rappelle ma pensée et te salue de loin
Ton souffle chante un amour lointain
C'était juste avant mon dernier sourire
Guy Aguenier