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21 avril 2016 4 21 /04 /avril /2016 10:57
RIEN EN RIEN !

 

 

 

RIEN EN RIEN   !

 

 

 

Ça a commencé par quelques crottes griffées sur un paillasson.   « Deuil plein de beauté avez-vous donc une pelle ? ». J'ai gratté pour décoller du seuil les escarmouches tombées de ma tête. 

 

J'ai grandi et attrapé la fièvre du samedi soir. Quand j'ai compris que ma tempête ne trouverait pas d'abri à la hauteur de ses espérances, j'ai fui la nuit. Le monde vieillissait plus vite que je ne quittais ma jeunesse.

 

Le remords tenait le bonheur à distance. L'étrangeté s'était installée en amertume. L'imminence du vide avait atteint le regard en éteignant ses veilleuses. Mes souterrains ont alors rejoint les égouts à la nage.

 

La sortie s'éboule devant une liberté plastiquée. La cécité se reflète dans le miroir traversé. L'instant succombe à la trahison supposée. C'est le pouvoir de l'idée fixe, qui attise la faute. Le chagrin est attesté par des témoins en noir.

 

La chasse oblique a trop de dérobade, le fugitif s'attarde à faire le tour de sa douleur. Il s'arrache une petite larme, de se voir si nu sous le soleil. Quoi de plus neuf, de plus fort que le bonheur de se perdre, dans un moment délictueux. Sursis arraché à la peur.

 

Pour ensuite, sur le tard d'une vie, s'échouer dans les interstices de l'espoir déçu. Sans histoire, derrière un voile coupable. Les chances s'évanouissent avec l'âge, et le ressentiment s'installe avec vigueur. Plus jamais les portes ne rouvriront l'avenir.

 

On ne rattrape pas le retard laissé à l'abandon. L'infamie vous arrache les arêtes de la gorge, avant que le poison ne soit péché. Les crépuscules gravissent aussi les rives de la solitude. Le désir calciné déborde en asphyxie, les foyers trop étroits.

 

Les jantes enjambent les freins, pour tenter le dérapage. Mais l'absence dévaste la chambre qui s'est perdue en non-retour. La pagaille infiltre les cellules paresseuses. Plus rien ne retient rien en rien. Et la nuit meurt avant l'aube, tandis que le complot s'efface, ourdi dans la mémoire.

 

Le flot des oublis remonte à la surface, la gerbe du présent engage à en finir. On cherche à se cacher, en redoutant le pire. L'orphelin calcule les intérêts de ses pertes, passées à attendre l'impossible. Mais la scène est occultée par une menace arrivée à échéance. Je n'aurais pas dû... chut !

 

 

guy aguenier

 

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